Le Tarot de Marseille
La structure du Tarot de Marseille
Le Tarot de Marseille est un jeu très ancien, datant très probablement du Moyen-Âge. Il est remarquable de constater que la structure même du jeu n'a pas évolué au travers les derniers siècles. Les archétypes, la numérotation, et l'organisation des cartes est restée strictement identique du plus ancien jeu connu aux dernières éditions parues.
On constate que le Tarot de Marseille est composé de deux sortes de cartes.
Les arcanes majeurs
Les arcanes mineurs
Les arcanes majeurs sont au nombre de 22, et on compte 56 arcanes mineurs, formant un ensemble de 78 cartes.
Le but premier du tarot n’est pas de lire l’avenir, mais de s’intéresser au devenir de l’être humain.
« Le Tarot a une symbolique universelle, car c’est un catalogue de mythes, et le mythe a ceci de particulier que même si on ne l’a jamais étudié, on le porte en soi. Il est quelque part inscrit dans notre mémoire la plus archaïque. » Citation de Georges Colleuil
Le tarot représente un parcours initiatique, celui du personnage du mat (arcane sans chiffre). Le Mat, pèlerin avec son baluchon et son bâton de marche, semble à part, il erre tel un vagabond intemporel. Il est vêtu comme un troubadour, avec son costume de fou.
Il rencontrera sur son chemin des personnages qui le guideront. Ces guides, représentés par les autres arcanes majeurs comme le bateleur, la papesse, l’impératrice, l’empereur et le pape, lui apprendront comment vivre sa vie.
C’est le mat qui est le compteur, le narrateur du Tarot de Marseille !
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L'incroyable voyage du Mat à travers le Tarot de Marseille
Le premier septénaire : de la naissance à l'autonomie
Le récit commence, comme bien souvent, par une naissance, représentée par le Bateleur. Le pèlerin prend conscience de l'infinité de son potentiel, il découvre son environnement avec émerveillement comme le fait un tout jeune enfant.
La Papesse transmet les premières connaissances, c'est l'éducation qui se met en place, ce qui apporte une sécurité affective, avec l’impératrice, la figure maternelle, qui éduque, qui materne et qui protège. Le développement du jeune enfant évolue : son imagination se débride, il commence à avoir des idées, il conçoit, c'est l'émergence de sa pensée créatrice. Avec son père, l’Empereur, il concrétise ces idées.
Le pèlerin enfin commence à construire et à travailler la matière. Il acquiert de l'assurance, son affirmation et sa confiance se développent. Il devient acteur de sa vie. Le Pape est un père spirituel pour lui, qui va alors lui transmettre la raison, la morale, et ainsi faire naître dans son esprit une pensée critique. Il lui enseigne également le pardon et la tolérance. Le pèlerin en aura bien besoin, car avec l’Amoureux, c'est l'heure de faire ses premiers choix, de prendre ses premières décisions. Il va découvrir le libre-arbitre, les doutes, les hésitations et les remises en questions induites par son esprit critique de plus en plus avisé. Il devra se pardonner ses propres erreurs. Pour finir ce septénaire, il monte dans le Chariot, et après bien des hésitations, c'est une victoire face à ses doutes. Le Mat n'est plus un enfant, il détient les clés pour affronter la vie adulte.
Dans ce septénaire, le Mat passe donc de la naissance à l'autonomie : après une petite enfance choyée auprès de sa mère qui comble ses besoins affectifs, il s'affirme et construit sa personnalité auprès de son père. Cette éducation complète et équilibrée le mène à une certaine autonomie ainsi qu'à un besoin d'émancipation salutaire.
Le deuxième septénaire : de la vie matérielle aux premières épreuves
Le pèlerin est maintenant prêt à entrer dans la vie adulte pour expérimenter tout ce qu'il a appris durant son enfance (le premier septénaire). Il découvre en premier lieu les lois, le principe d'équité, mais également les sanctions avec la Justice. Ce système juste mais complexe nécessite du temps et de la patience, comme le montre l’Hermite. Ce dernier invite le Mat au retrait et à l'introspection. Ainsi s'acquièrent la sagesse et un meilleur rapport au temps. Après cette pause bénéfique, le Mat reprend son cheminement, et prend conscience de l'instabilité du monde qui l'entoure, de ses rythmes multiples et de la notion de cycles. La Roue de Fortune lui dévoile également que l'univers fait l'objet de hasards et de chances qu'il faut apprendre à saisir. Il comprend qu'il devra faire preuve de courage pour garder le contrôle sur les évènements comme le suggère la Force. Cependant la maîtrise de son geste et de son esprit sera indispensable pour ne pas perdre pied. Et c'est précisément la mise à l'épreuve proposée par le Pendu qui, pieds et mains liés, met le pèlerin sens dessus dessous. Il n'a d'autre choix que de s'abandonner à l'épreuve, et subir cette immobilisation. Cette première confrontation aux obstacles de la vie lui enseigne le renoncement et le sacrifice, ce qui lui coûte : il ressent la souffrance, et sa transformation sera définitive.
L’arcane sans nom représente alors la perte et la séparation, ce que notre pèlerin doit laisser derrière lui pour enfin poursuivre son chemin. Le deuxième septénaire s'achève avec la Tempérance, un ange gardien, qui pose son regard bienveillant. Il lui apportera l'apaisement, l'aidera à mieux gérer ses émotions et lui permettra de prendre le recul nécessaire pour clore ce chapitre douloureux.
Cette deuxième partie est consacrée à l'expérimentation de la vie matérielle, avec tout ce qu'elle peut impliquer. Après avoir pris conscience des lois régissant le monde (la justice, le temps, le hasard), le Mat s'arme et se prépare à affronter ses premières difficultés. Celles-ci le transformeront à jamais et déclencheront chez lui un besoin de contact avec le monde spirituel.
Le troisième septénaire : de la vie spirituelle à l'atteinte de l'idéal
Le Mat est désormais un être expérimenté qui aspire à s'élever, il entre dans une nouvelle quête spirituelle. Il doit en premier lieu s'affronter lui-même, en réprimant ses pulsions, ses désirs et ses passions. Le Diable à ce stade en est l'image parlante. Les tentations sont nombreuses et le pèlerin doit réussir à se détacher de ses dépendances physiques ou matérielles. Cela ne sera possible qu'avec la violence de la Maison-Dieu, arrachant brusquement l'orgueil et l'arrogance du Mat, pour qui la chute est rude. Il en ressort fragile et faible, comme l’Étoile, dans le dénuement le plus total. L'humiliation est grande, mais c'est d'elle que va naître la vertu d'humilité. C'est alors que l'espoir renaît, et le pèlerin va déployer toute son énergie et enfin trouver la foi. Il entrevoit à ce moment le monde spirituel et se connecte à son inconscient. Ce dernier, représenté par la Lune, est empli de peurs, de rêves et d'illusions. La nuit est sombre, et il peine à y voir clair. Du songe à la réalité, il n'y a qu'un pas, et le pèlerin se perd dans la contemplation des reflets. Heureusement pour le Mat, le jour se lève et le Soleil apporte tous les éclaircissements dont il avait besoin, lui permettant de trouver enfin le bonheur. Sa joie est palpable, il rayonne jusqu'à embellir la vie des autres. Après quoi, c'est l'illumination, l'heure du Jugement. Le pèlerin réalise son ascension spirituelle et accède enfin à une conscience supérieure. C'est une forme de renaissance pour lui. Il arrive au terme de son voyage. La carte du Monde symbolise son accomplissement, le Mat a trouvé son idéal, parfait et harmonieux. Il achève sa quête spirituelle dans un état de pleine conscience et devient dès lors un être complet et accompli.
Durant le troisième et dernier septénaire, le Mat commence une quête spirituelle au cours de laquelle il devra faire face à ses propres défauts, qu'il surmontera par l'échec. Après sa chute, il se reconstruira de nouveau, grâce à sa foi et ses espoirs, et réalisera enfin son élévation spirituelle. Il parvient à atteindre un idéal de perfection et d'accomplissement.
Une histoire sans fin…
L'histoire semble s'achever ici. Et pourtant, dans son périple le Mat a bien appris une chose : la vie est constituée d'une suite continue d’événements, de rebondissements, de hasards et de chances. À l'image de la Roue de Fortune, le Tarot de Marseille est un cercle : à la fin d'un cycle, un autre prend le relais et ainsi de suite.
Le Mat est donc bien un éternel vagabond, et son périple n'est jamais complètement terminé. Le Tarot de Marseille révèle son ultime message : le vie est bien une infinité de cycles, que nous traversons tel le Mat, encore et encore, jusqu'au terme de chacun d'eux, et ce jusqu'à notre mort.
Tarot de Marseille 🆚 Rider Waite Smith
Les Tarots sont traditionnellement composés de 78 cartes, 22 arcanes majeurs et 56 mineurs.
Le Tarot de Marseille et le Rider Waite Smith ne dérogent pas à cette règle. Cependant leurs structures ne sont pas totalement identiques, et des différences notables peuvent être observées.
Le Tarot Rider Waite Smith, bien que très largement inspiré du Tarot de Marseille, est un jeu foncièrement différent, avec ses arcanes et ses interprétations propres. Il faut donc veiller à bien garder en mémoire que ces deux outils de divination ne peuvent être utilisés et lus exactement de la même façon.
Actuellement plus utilisé dans le monde que le Tarot de Marseille traditionnel, de nombreux autres Tarots sont basés sur le Rider Waite Smith (RWS).
C’est donc important de le savoir et de connaître leurs différences.
Le Tarot de Marseille est un jeu né dans l'Europe médiévale, comportant de nombreuses références chrétiennes.
Les allégories et les personnages des arcanes majeurs sont directement inspirés de cette époque.
Dans son approche du Tarot, Arthur Edward Waite souhaitait s'éloigner de la religion, et livrer un jeu plus universel, recherchant davantage des liens avec les sciences occultes.
C'est pourquoi certains arcanes voient leur nom revisité :
le Mat → The Fool (le Fou)
le Bateleur → The Magician (le Magicien)
la Papesse → The High Priestess (la Grande Prêtresse)
le Pape → The Hierophant (le Hiérophante)
L'Amoureux → The Lovers (les Amants)
L'Arcane sans nom → Death (Mort)
La Maison Dieu → The Tower (la Tour)
Les illustrations ont subi des changements, certains symboles ont été supprimés, d'autres ont été ajoutés, la position et les regards de certains archétypes ont aussi été modifiés.
Dans le Tarot de Marseille traditionnel, la Justice porte le numéro 8, et la Force le numéro 11Â
Mais ces arcanes sont inversés dans le Rider Waite Smith !
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